Dévouement familial pour le hockey
par Nicholas Pescod|04 JANV. 2023
Un couple de bénévoles, Andrew Brown et Lori Fraser.
photo: Daniel St-Louis
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Nous sommes à la mi-décembre. Andrew Brown lit un courriel qui l’invite à s’inscrire comme bénévole pour le Championnat mondial junior de 2023 l’IIHF.

« Je n’avais aucune idée de ce que c’était », a écrit Andrew dans le cadre d’une entrevue par courriel. « J’ai demandé à mon épouse Lori de quoi il pouvait s’agir. »

Andrew ne s’attendait pas à recevoir un tel courriel. En tant que personne malentendante, il ne pensait pas pouvoir faire du bénévolat à un événement d’une aussi grande envergure. Quand il a réalisé que le courriel n’avait rien d’une plaisanterie, mais que c’était plutôt une surprise de son épouse, il était ravi. 

« J’étais vraiment fébrile », a exprimé Andrew.

Lori Fraser, l’épouse d’Andrew, qui elle aussi est une personne sourde, raconte qu’elle a décidé de le surprendre en proposant son nom comme bénévole parce qu’il est un homme bienveillant qui adore le hockey et aider les autres. 

« Il croit fermement aux valeurs chrétiennes », a commenté Lori, elle aussi dans une entrevue par courriel réalisée pendant le tournoi. « Andrew aime offrir son aide, malgré sa surdité. Il aime rendre les gens heureux. Sans compter qu’il voue une véritable passion pour le hockey. »

Lori confirme que son époux s’est transformé en « petit gamin » quand il a compris qu’il ferait du bénévolat au Mondial junior. 

« Il était confus quand il a reçu le courriel pour s’inscrire comme bénévole et se sentait fébrile, mais il ne croyait pas en ses chances vu son handicap, a expliqué Lori. Il était comme un petit garçon le matin de Noël. »

Le bénévolat, une affaire de famille

Chaque jour de match, depuis le 27 décembre, Andrew, Lori et leur fils de 17 ans Daniel ont fait le trajet de 20 minutes entre leur domicile de Riverside, au Nouveau-Brunswick, et le Centre Avenir de Moncton, où ils distribuaient des mains en mousse et dirigeaient les spectateurs dans l’aréna. 

« C’est une merveilleuse expérience d’arriver à faire ce que les autres font et de prouver que je ne suis pas stupide, a analysé Andrew. Je n’arrive peut-être pas à entendre ou à parler, mais je peux faire n’importe quoi d’autre. »

« J’ai de fortes convictions chrétiennes et j’ai toujours aimé faire du bénévolat et contribuer à ma communauté, a exprimé Lori. J’aime faire plaisir aux gens. »

« Mon expérience de bénévolat a été fantastique, a ajouté Daniel. Tout le monde a été très gentil et serviable ».

La famille est ressortie de cette expérience au Mondial junior encore plus soudée qu’avant. 

« Je ne vois pas souvent mon fils en raison de mon horaire de travail, je travaille les soirs, et le jour, il va à l’école, a raconté Andrew. Nous passons du temps de qualité ensemble et faire du bénévolat, c’est amusant. »

« C’est une merveilleuse expérience de passer tout ce bon temps ensemble en tant que bénévoles au tournoi, a expliqué Lori. Moi aussi, je travaille les soirs, donc je ne vois pas beaucoup Andrew et Daniel. C’était super pour nous de nous retrouver. »

« J’ai servi d’interprète pour mon père, et c’était bien plaisant, tout le monde s’est montré bien compréhensif et l’a remercié pour son aide », a lancé Daniel. 

Même si l’expérience a été très positive, elle a tout de même présenté quelques défis pour Andrew et Lori. Heureusement, Daniel, qui a eu une permission spéciale de faire du bénévolat malgré qu’il n’ait que 17 ans (il faut en avoir au moins 18 pour être bénévole au tournoi), a été interprète pour son père et sa mère lorsqu’ils en avaient besoin.

« C’est un défi parce que les gens ne savent pas que je suis malentendant quand ils viennent me poser des questions, mais par chance, mon fils est là pour m’aider, a confié Andrew. Ils disent : "Oh! Vous ne m’entendez pas." Plusieurs sont gentils et respectueux, mais d’autres sont plus rudes et disent : "Oh! Laissez-faire." Et ils partent. Je suis habitué ». 

« Andrew et moi avons eu de la misère à nous trouver des emplois parce que nous sommes des personnes sourdes, mais c’est plus facile avec le bénévolat, a ajouté Lori. Nous pouvons prouver aux gens qu’ils ont tort de ne pas nous faire confiance et leur montrer que nous pouvons tout accomplir. La seule chose que nous ne pouvons pas faire, c’est parler au téléphone… mais nous aimons faire du bénévolat parce que c’est plaisant et ça nous garde occupés. »

Les efforts de Lori ne sont pas passés sous silence. Pendant le match entre la Finlande et les États-Unis le 31 janvier à Moncton, son apport à l’événement a été reconnu par la Fédération internationale de hockey sur glace.

« Je me suis sentie vraiment spéciale et j’étais pas mal fière de moi » a raconté Lori à propos de cet honneur. « J’ai reçu une foule de cadeaux : veste, chandail, casquette, gants, foulard… je ne m’y attendais pas du tout, et ça m’a rendue fière. »

« Lori encourage toujours les personnes sourdes à devenir bénévoles, mais plusieurs refusent, car c’est difficile pour elles de communiquer avec les gens qui n’ont pas le même problème, a confié Andrew. Mais Lori, rien ne l’arrête, et elle me dit toujours de ne pas avoir peur de foncer. » 

À y repenser, Andrew, Lori et Daniel sont d’accord pour dire qu’ils feraient du bénévolat à nouveau à un événement similaire et ils encouragent les autres, particulièrement les personnes malentendantes, à faire de même.
Un couple de bénévoles, Andrew Brown, à gauche, et Lori Fraser remettent des mains en mousse au Centre Avenir. Andrew et Lori sont des personnes malentendantes qui ont fait du bénévolat lors de chaque match à Moncton.
photo: Daniel St-Louis